L’évolution du contexte de travail, des technologies et de la législation nécessite une mise au point régulière des moyens à mettre en ouvre sur le lieu de travail pour assurer la sécurité des employés.
Pour les travailleurs dits isolés les conséquences d’un accident peuvent être aggravées du fait de l’absence de personnes et/ou de moyens pour intervenir, alerter ou secourir à temps.
Ce type de situation demande donc un dispositif particulier, des technologies de communication et de localisation, pour assurer la sécurité : le Dispositif d’alarme pour travailleurs isolés (DATI) représente une solution efficace.
La notion de travailleur isolé n’est pas définie par la réglementation. Une personne doit être considérée comme tel lorsqu’elle est hors de vue ou de portée de voix des autres travailleurs pour des durées excédant une heure. Cependant, pour des travaux dangereux, cette notion peut s’appliquer à des périodes de quelques minutes.
Pour qualifier un poste de travail isolé, deux facteurs sont à prendre en compte lors de l’évaluation des risques :
Il n’existe aucun texte officiel précis et détaillé à ce sujet. Seuls quelques points de repère existent :
« Lorsque l’opération est exécutée de nuit ou dans un lieu isolé ou à un moment où l’activité de l’entreprise utilisatrice est interrompue, le chef de l’entreprise extérieure concerné doit prendre les mesures nécessaires pour qu’aucun salarié ne travaille isolément en un point où il ne pourrait être secouru à bref délai en cas d’accident. »
Au sein d’une entreprise des moyens techniques, organisationnels et humains doivent être mis en ouvre pour tenter de supprimer, ou du moins limiter au maximum, le Protection du travailleur isolé : PTI.
Agir sur l’organisation du travail (planification des opérations, modification des horaires d’intervention, constitution différente des groupes.) réduit ou élimine un grand nombre de ces situations. Toutefois, certains postes de travail restent isolés et doivent faire l’objet d’une surveillance directe ou indirecte.
Les situations et les circonstances de travail isolé doivent être examinées afin de prendre des mesures préventives adaptées. Lors de cette analyse, les principaux points à considérer sont :
Les circonstances n’étant toutefois jamais identiques, l’analyse doit tenir compte des particularités de chaque situation, ce qui permet d’établir l’organisation d’une surveillance directe ou indirecte afin de rompre l’isolement du travailleur. Celui-ci doit pouvoir :
Des endroits bien déterminés de passage sont imposés au travailleur isolé, suivant un horaire précis. Le contrôle est réalisé par des balises ou des bornes. Toute dérive d’horaire déclenche l’alarme.
Le travailleur isolé doit signaler son passage à des endroits particuliers. L’opération peut être manuelle et volontaire. Il peut s’agir d’activer un interrupteur, de présenter ou introduire un badge dans une borne spécifique, de composer un numéro de téléphone ou de décrocher et raccrocher un combiné téléphonique, etc..
Si l’opération est automatique, le travailleur est muni d’un badge rayonnant ou passif, la détection se fait dès que le badge pénètre dans le champ de la balise..
Le travailleur isolé est équipé d’un badge spécifique et doit demeurer dans une zone délimitée..
Le badge émet un signal spécifique qui est détecté à l’intérieur d’une boucle magnétique implanté dans le sol. Le pourtour de la boucle magnétique délimite la zone d’évolution du travailleur isolé. Lorsqu’il sort de cette zone, l’alarme se déclenche.
Couramment appelé « homme mort », cette détection s’appuie sur la vigilance du travailleur isolé. Ce dernier doit confirmer régulièrement, en appuyant, par exemple, sur un bouton, qu’il est présent à son poste de travail. Toute anomalie de ce cycle de vigilance entraîne le déclenchement d’un signal d’alarme. Ce principe est contraignant et demande une grande attention de la part du travailleur isolé…
Un autre principe du même type, dit du « maître/esclave », consiste à imposer au travailleur de répondre régulièrement à des sollicitations ou des appels du poste de surveillance. En cas de non-réponse, l’alarme est déclenchée.
Dans un environnement à pollution spécifique – les mines, les galeries ou tout endroit confiné -, l’atmosphère de travail peut présenter des risques. Dans ce cas, il est important de détecter rapidement les situations critiques et d’avertir simultanément le poste de surveillance du danger. Il doit également être signalé aux secours afin d’éviter une cascade d’accidents. Dans une ambiance délétère, il peut être nécessaire d’installer plusieurs capteurs spécifiques pour détecter les différents dangers..
Remarque : Ces détecteurs sont très sensibles notamment aux rayonnements électromagnétiques ; des précautions d’usage doivent être prises pour obtenir une bonne immunité électromagnétique.
Au-delà de l’organisation du travail et des divers moyens techniques, fondés sur un principe de détection à poste fixe d’un danger, il est envisageable de mettre à la disposition des agents un Dispositif d’alarme pour travailleurs isolés (DATI)..
Les DATI ont une fonction bien précise : transmettre vers un poste de surveillance l’alarme issue d’une situation anormale d’un travailleur isolé…
Leur fonctionnement est entièrement automatisé. Toute position anormale prolongée prise par un travailleur isolé est considérée comme accidentelle et génère une alarme. Cette situation est principalement détectée par les capteurs physiques qui contrôlent en permanence l’activité du travailleur..
Par conséquent, les DATI permettent de détecter l’état physique de l’agent mais aussi sa localisation lorsqu’ils sont équipés du GPS (Global Positionning System). Ils sont constitués au minimum par un émetteur porté par le travailleur isolé et un récepteur placé dans la collectivité, pour recevoir l’alarme et la transmettre aux secours..
Ces appareils transmettent automatiquement une alerte en cas de :
Des capteurs analysent en permanence les positions prises par le travailleur isolé et dès que celles-ci dépassent un seuil critique, ils engendrent une alarme.
Les capteurs de perte de verticalité offrent une grande adaptabilité aux différentes situations de travail isolé. De plus, sa fiabilité est élevée, le seuil d’inclinaison reste quasiment constant dans le temps.
Les capteurs de perte de mouvement sont, quant à eux, difficiles à calibrer. Pour les adapter au poste de travail concerné, il faut trouver un étalonnage de la sensibilité susceptible de convenir à une situation assise, debout ou couchée.
Les mobiles étant généralement portés à la ceinture ou dans la poche d’une veste ou d’un blouson, l’amplitude des mouvements repérable n’est parfois pas suffisante pour activer le détecteur. Cela peut engendrer des alarmes, jugées intempestives, mais parfaitement justifiées d’un point de vue fonctionnel du dispositif.
Ce type de capteur est sujet, dans le temps, à certaines dérives de sensibilité. Un contrôle périodique s’impose donc pour vérifier le maintien de ses performances.
Ces détecteurs sont également sensibles aux mécanismes en mouvement, de type tapis vibrant, moteurs ou broyeurs. Il est difficile de dissocier le mouvement d’un organe mécanique de celui d’un travailleur.
La majorité des installations concernent qu’un type de détecteur mais il est possible de mixer les deux.
Tous les équipements offrent la possibilité de lancer volontairement une alarme. L’action est toutefois faite manuellement par le travailleur isolé, lorsqu’il le juge nécessaire, suite à un incident ou à l’observation d’un événement particulier. L’alarme est généralement déclenchée par l’intermédiaire d’un bouton-poussoir placé sur le mobile. Dans certains cas, il peut s’agir d’une boucle d’arrachement (jack ou fil fusible).
La « sécurité positive » est un système capable de signaler automatiquement les dysfonctionnements, sous forme d’une alarme technique. Ce principe, appliqué aux DATI, implique un contrôle permanent et automatique de la liaison établie entre le travailleur et le poste de surveillance, afin de garantir la bonne transmission des alarmes. Toute défaillance de cette liaison (coupure de transmission, batterie faible, etc.) doit générer, à court délai, une alarme technique.
Ainsi informé, le poste de surveillance ou le télé-surveilleur peut lever le doute, en appelant le travailleur isolé, afin de lui signaler que son équipement est défectueux.
S’il n’obtient pas réponse, il doit :
Les technologies de communication GSM intègrent rarement la sécurité positive. Il devient très complexe de la mettre en ouvre, d’une part, parce que cette technique de téléphonie mobile dépend du taux de disponibilité des opérateurs (Orange, SFR ou Bouygues) et, d’autre part, parce qu’elle représente un coût d’exploitation non négligeable (abonnement, coût des communications téléphoniques).
Le poste de surveillance émet cycliquement, vers chaque mobile porté par les travailleurs isolés, un signal sonore. Dès que celui-ci est perçu par le travailleur isolé, ce dernier doit manuellement, par l’intermédiaire d’un organe de commande (bouton-poussoir ou autres), « acquitter » l’appel.
Cet « accusé de réception » confirme la vigilance du travailleur isolé. En revanche si l’acquittement n’est pas réceptionné dans un délai prédéterminé, une alarme est déclenchée au poste de surveillance.
La localisation d’un travailleur isolé a progressé avec l’intégration de la fonction GPS (Global Positionning System) dans la structure d’un DATI.
L’évolution du travail isolé fait qu’aujourd’hui l’étendue de la zone de travail est trop importante pour permettre d’implanter le système de localisation conventionnel par balisage (zone, passage, etc.), utilisé jusqu’alors. Le GPS est, dans ce contexte, plus approprié. Cette technique permet en effet de déterminer avec une relative précision (1 à 10 mètres) la position géographique (longitude et latitude)d’une personne, d’un objet ou d’un équipement.
Toutefois, si le dispositif GPS est précis pour déterminer une position, il requiert quelques précautions d’emploi. En effet, pour communiquer sa position géographique, le GPS doit être en mesure d’observer au minimum trois satellites géostationnaires prévus à cet effet. Si cette condition n’est pas respectée, la position indiquée correspond au dernier point géographique calculé. Dans ces conditions, un message d’alarme peut comporter une erreur de plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres (cas où le DATI est déplacé et remis en service à l’intérieur d’un local).
Un tel équipement est limité à l’intérieur des bâtiments, en sous-bois, dans un tunnel ou dans un endroit abrité car le GPS n’assure plus sa fonction. Par ailleurs, si l’antenne GPS (amovible sur les mobiles) n’est pas dépliée ou pas assez déployée, la localisation est erronée. Le phénomène est amplifié lorsque le mobile est sous un vêtement ou dans une poche.
Les alarmes sont toujours transmises unilatéralement quelles que soient les caractéristiques de la liaison radio mise en ouvre : unilatérale, bilatérale ou duplex. Elles se présentent généralement sous la forme d’un message numérique qui comprend plusieurs informations, notamment :
Après un temps nécessaire à la détection, dès qu’un détecteur repère une situation anormale, il génère les séquences d’alarme suivantes :
Lorsque le mobile est dépourvu de moyen de localisation, le signal d’avertissement sonore peut être maintenu durant l’alarme. Il peut alors servir à orienter les secours vers le lieu de l’accident.
La prise en compte de ces alarmes s’opère soit par une commande particulière au poste de surveillance, soit par ré-émission d’un signal spécifique vers le mobile. L’effacement de l’alarme n’est autorisé que par des personnes habilitées ; il doit s’inscrire dans la procédure d’intervention des secours.
La mise en service ou l’arrêt correspond à la mise en ou hors surveillance d’un poste de travail isolé.
Plusieurs configurations sont observées :
Dès que le portable est retiré ou désaccouplé de son rack de charge, la fonction DATI est mise en service sans condition particulière. C’est le cas en général pour les équipements implantés dans un véhicule (camion de livraison, dameuse, engin de BTP, voiture, etc.)
Pour des équipements dépourvus de sécurité positive, la fonction DATI est activée dès que le mobile est mis en service (sélecteur placé sur le boîtier).
Quelque soit le type de mise en service de l’équipement, chaque travailleur isolé conserve une part active à l’égard de sa propre sécurité. Toute négligence relative au port de l’équipement ou à sa mise en service peut avoir des conséquences graves qui porteront préjudice au travailleur en cas d’accident.
Vu la nécessité de communiquer entre salariés d’une même entreprise ou vers l’extérieur, la majorité des équipements DATI sont à liaison phonique. Les performances varient d’un système à l’autre, notamment en fonction du support de communication retenu.
En effet, il faut différencier la fonction unilatérale (radio) d’une liaison duplex (GSM), chaque type de transmission impliquant un fonctionnement spécifique.
D’autres modes de transmission radio existent en dehors du talkie-walkie et du GSM, comme le bluetooth ou le wi-fi. Mais ces types de communication ont des performances trop faibles, notamment en termes de portée, pour être comparés aux modes de transmission classiques (talkie-walkie, GSM, téléphone).
Les performances d’un réseau de type talkie-walkie sont liées à la puissance haute fréquence (HF) rayonnée des émetteurs et à la sensibilité des récepteurs.
Pour le DATI, et en particulier le mobile porté par le travailleur isolé, cette puissance rayonnée n’est pas très importante. Cette limitation de puissance est imposée, d’une part, pour limiter la consommation, qui conditionne la taille des batteries d’alimentation, et, d’autre part, par le type d’antenne HF mis en ouvre pour limiter la gêne. Ces antennes, généralement de type quart d’onde, de par leur faible taille atténuent la puissance rayonnée. De plus, l’effet de proximité, notamment avec le corps humain, susceptible d’absorber une partie de la puissance émise ne doit pas être négligé.
Cette technologie ne permet pas de communiquer, simultanément, en duplex, sur la même fréquence HF. Pour éviter l’encombrement de la fréquence dédiée à la sécurité, une fréquence propre, interdite à toute autre utilisation, doit être réservée aux travailleurs isolés.
Pour entretenir un dialogue, il importe de respecter une certaine discipline afin de ne pas conduire à la perte globale ou partielle du message.
Pour exploiter les alarmes issues d’un DATI, les règles sont les mêmes : moins la porteuse radio est utilisée, plus rapidement les alarmes seront transmises.
Ce type de réseau peut permettre d’organiser une surveillance par les travailleurs eux-mêmes, en établissant la communication entre plusieurs personnes isolées intervenant dans un même secteur. En pareil cas, toute alarme émise par l’un sera réceptionnée par les autres salariés du réseau. Une telle organisation nécessite la présence effective de plusieurs travailleurs, en même temps, sur le site.
Un transmetteur-récepteur radio peut également être utilisé relié à un réseau téléphonique filaire. Il reconnaît un certain nombre de DATI radio et retransmet les alertes par téléphone fixe.
PUtilisés jusqu’alors à l’intérieur des entreprises, dans des zones isolées restreintes, les DATI à liaison radio trouvent également leur utilité dans les zones non couvertes ou difficilement couvertes par les liaisons GSM.
Les performances de couverture d’un DATI à liaison radio requièrent, dans la plupart des cas, une implantation de la centrale de surveillance dans la zone de travail isolé. Or les sites d’exploitation sont souvent très éloignés non seulement des entreprises mais aussi les uns des autres.
Si un système de sécurité positive peut être mis en place dans ce type de liaison, en revanche, la localisation est irréalisable par des balises de repérage ou de passage réparties au sein du domaine. Toutefois, il est possible d’implanter un GPS dans un véhicule lorsque le travailleur isolé en utilise un et demeure à proximité.
Dispositif Haladjian
DATI à transmission radio
Portée optimale : 300 m
3 types d’alarmes :
Autonomie en veille jusqu’à 168 h sur batterie Li-ion
Récepteur-transmetteur GSM
Ce type de liaison a connu un essor considérable, il permet de joindre un interlocuteur en tout lieu du territoire national, à l’exception de certaines zones non habitées ou désertiques.
Le taux de servitude est pratiquement de 100%, ce qui garantit une plus grande fiabilité de communication. Les axes routiers et les zones urbaines sont mieux desservis.
Zones couvertes et service assuré ne doivent toutefois pas être confondus. Les opérateurs GSM éprouvent bien souvent des difficultés à maintenir le service mais aussi à assurer le trafic téléphonique, notamment celui des SMS.
Ces dysfonctionnements se répercutent directement sur le fonctionnement des DATI ; on peut ainsi perdre des alarmes, différer leur transmission ou déclencher des alarmes intempestives.
Les DATI de type GSM ont des performances en termes de communication bien supérieures aux réseaux radio.
Equipée d’un GPS, une liaison GSM offre l’avantage de transmettre sa localisation avec précision si toutes les conditions sont réunies pour les calculs de sa position géographique.
Dispositif Haladjian
DATI GSM
DATI GSM avec fonction téléphone
Bien choisir son DATI
Il n’existe ni matériel infaillible ni solution universelle garantissant, en toutes circonstances, la transmission d’une alarme et le déclenchement des secours :
C’est donc l’analyse des besoins qui doit induire un choix du mode de liaison (radio ou GSM).
Pour cela :
Il est important de rappeler que le DATI s’inscrit dans le cadre de l’organisation des secours. Par conséquent, si le choix du matériel est important, les mesures qui accompagnent sa mise en ouvre le sont tout autant.
La mise en place de ce matériel ne se résume pas à la fourniture des équipements, elle doit aussi comporter :